<< Chapitre 3 >>

- Aller Papa, s'il te plaît !
- Je t'ai dit non ! Alors maintenant tu arrêtes de me gaver avec ça.
- Mais ce n'est pas juste, Dylan n'a que deux ans de plus que moi, et ça fait quatre ans que vous le laissez faire tout ce qu'il veut. Je vais avoir dix-sept ans, et je ne suis jamais sortie avec mes amis, le samedi soir.
- Dylan est un garçon, c'est moins dangereux pour lui que pour toi. Il peut se défendre.
- Ouais, c'est ça... Aller bonne nuit.
En retournant dans ma chambre, je bousculais mon frère.
- Hé...!
- Oh, tais-toi Dylan.
- Toujours aussi charmante.
- Je ne t'ai pas demandé de la fermer ?
- Papa a refusé, c'est ça ?
Pas besoin d'acquiescer, il connaissait déjà la réponse. J'entrais alors dans ma chambre et claqua la porte. J'étais plus qu'énervée, et qui dit énervée, dit musique. Je mis donc le CD de Yiruma dans mon lecteur et choisit la troisième chanson : Love Me. Ce morceau était apaisant, beau. Il était plein de souvenir, la première fois que j'ai entendu ce morceau, c'est aussi la première fois où mes deux parents étaient venus voir mon spectacle de danse. Après ils nous emmenés, Dylan et moi, au restaurant. Je pensais que le titre de cette chanson avait fait en sorte que mes parents m'aiment, au moins l'espace d'une journée. Ce fut la plus belle et la seule journée en famille, le seul jour où j'ai vu mes parents fiers de moi. A cette pensée je versais une larme. Une fois la chanson terminée, je me rendis compte que mon grand frère avait ouvert la porte silencieusement et attendait dans l'encadrement de la porte. Je tournais mon regard vers lui et il vint s'asseoir près de moi. Il me prit dans ses bras et tenta de me réconforter...
- Je sais ce que cette chanson te rappelle. Je l'aime beaucoup aussi. Mais sache, petite sœur, que je suis très fier de toi.
- Tu es bien le seul.
- Mais non, c'est juste qu'ils ont du mal à te le montrer c'est tout.
- Si tu le dis.
- N'en veux pas trop à Papa.
- Pourquoi je ferais ça ?
- Parce que... il a accepté que tu sortes ce soir, jeune fille.
- Ce n'est pas vrai ? Tu as réussi à le convaincre ? Demandais-je, ahurie.
- Oui... Aller va te préparer, je vais t'y amener.
- Merci, tu es le meilleur grand frère ! Lui dis-je, en lui sautant au cou.
- Tu en doutais encore ? Railla t-il.
Une fois prête, il m'amena au bowling où toute la bande se trouvait déjà. Je passais ma soirée à rire avec mes amis. Trois heures plus tard, Dylan vint me rechercher. Une fois montée dans sa voiture, l'interrogatoire commença :
- Alors, bonne soirée ?
- Super, merci encore Dylan.
- Il y avait qui ?
- La bande.
- Et il y a qui dans cette bande ? Il me regarda comme si j'étais stupide de croire qu'il connaissait la bande.
- Ben... Éric, Mégane, Julien, Jon et Mélissa.
- Mélissa ? Cette garce ?
- Hé... Il lui arrive d'être peste, j'avoue, mais elle est sympa dans le fond.
- Tout au fond alors...
- Tais-toi. Riais-je, parce que je savais qu'il n'avait pas tout à fait tort.
- Et Éric, il te plaît ?
- Pourquoi tu dis ça ? Demandais-je surprise.
- Je suis le meilleur, tu ne te rappelles pas ? Et puis je te connais, et je sais qu'il te plaît.
- La modestie ne doit pas faire partie de tes nombreuses qualités, alors...
- Exact. Alors ?
- Tu te trompes.
- Je suis sûre que non. Affirma t-il
- Et si...
Et cette dispute de gamin, mais marrante continua comme ça, deux bonnes minutes encore. Mais nous rigolions. Il me posa tout un tas de questions, plus embarrassantes les unes que les autres. Parfois mes réponses le choquaient, il me regarda visiblement très surpris. Malheureusement, il lâcha la route des yeux et la voiture d'en face arriva sur nous. Dylan la vit trop tard, et n'eut pas le temps de l'esquiver. Il est mort sur le coup et pas moi. Cette nuit là j'ai perdu mon frère, le membre le plus important de ma famille. Tout ça pour sortir avec mes amis. J'aurais dû mourir à la place de mon frère, j'aurais dû mourir pour mon égoïsme, pas lui. Et mes parents m'en veulent pour ça. Déjà ce n'est pas brillant, mais maintenant...

III.